7/17/2017

Jusqu'au bout! L'histoire de mon premier triathlon...


"À deux ans, j'ai failli me noyer en lac!" 

Les gens qui me connaissent savent que je suis une femme de défis. J’ai toujours plein de projets. J’aime les défis personnels (j’ai obtenu bon BAC en enseignement professionnel à l’âge de 45 ans et j’étudie présentement à la maîtrise), les défis professionnels (j’ai fait le choix de ne plus travailler 9h à 17 heures il y a plus de 14 ans et aujourd’hui 3 emplois à temps partiel en enseignement au supérieur me comblent de bonheur) et j’adore les défis qui me font sortir de ma zone de confort (j’ai sauté d’un pont et grimpé un hôtel alors que j’ai peur des hauteurs et couru plusieurs demi-marathons et gravi le Machu Picchu).

En lisant ces lignes, vous vous dites possiblement, « Wow! Elle est incroyable! » Mais vous savez quoi, je ne suis pas différente de vous qui lisez ces lignes. Je suis en surpoids, j’ai une famille à m’occuper, trois emplois et je suis aux études.  Et c’est d’ailleurs pour vous montrer que tout est possible que j’ai choisi de vous écrire sur mon tout dernier défi, celui du Défi Ironman avec Jimmy Sévigny. Je suis triathlète et voici comment ça s’est passé.

Quand j’ai vu l’annonce pour le Défi Ironman, je savais que ce n’était pas pour moi. Et oui, au départ, je me suis dit que jamais je ne serais capable de nager en lac, pendant 1.5 km! Il faut comprendre qu’à l’âge de deux ans, j’ai failli me noyer en lac alors pour moi l’idée était impensable. De plus, j’ai deux tendons d’Achille assez amoché. Avec ma reprise de poids des dernières années (environ 40 - 50 livres), c’était dur sur mes chevilles, mes genoux et surtout sur mon orgueil. (D’ailleurs vivre une reprise de poids dans l’œil du public sera sans doute un autre sujet à traiter… en temps et lieu). Je n’avais pas de vélo, pas de wetsuit (juste l’idée d’enfiler ce petit kit moulant me traumatisait au plus haut point). Bref toutes les conditions étaient rassemblées pour confirmer que ce n’était pas ma place.

Hmmm… Pourtant, au moment où j’ai réalisé que le groupe était presque complet, j’ai appuyé sur le bouton! Voilà j’étais en route pour un 5150 (1.5km de nage, 40 km de vélo et 10 km de course).

Nous étions au mois de mai et je quittais pour le Pérou au mois d’août. Je m’étais donc dit que j’attendrais mon retour pour commencer l’entrainement. Au mois d’août, j’ai fait un cours de nage en lac… quelques cours de natation en piscine. J’arrivais difficilement à faire quelques mètres. Je savais que la route serait longue… Les mois ont rapidement passés et je me suis retrouvée au mois de novembre… Bien que tranquillement j’améliore ma nage, la peur de m’étouffer restait très présente et je ne savais aucunement comment j’allais passer par-dessus.

Dans un moment ou juste sortir de chez moi à 6h le matin pour aller à la piscine prenait tout mon petit change, j’arrive à la piscine un matin, face à un homme… Cet homme dont j’avais été victime d’exhibitionnisme se retrouvait dans la même piscine, dans un couloir à quelques mètres de moi, à me regarder… en maillot de bain. Sans entrer dans ces détails, je peux vous dire que ça enlève l’envie d’aller nager. Pendant des semaines, voire des mois à chaque fois que j’arrivais à la piscine, j’angoissais, me demandant si j’allais devoir l’affronter. Allait-il me suivre? Disons que j’ai dû me parler doucement à plusieurs reprises. Dans l’eau,  je respirais difficilement. À l’extérieur j’avais le souffle coupé. Je regardais mon plan d’entrainement et je pleurais de voir tout ce dont j’avais à l’agenda alors que je ne pouvais même pas courir pendant 5 minutes.

Fin novembre, je ne suis plus capable. Toutes les excuses étaient bonnes pour ne pas aller pédaler… Syndrome de l’imposteur, il fait trop froid, je suis trop fatigué, je suis en pré ménopause… Pendant les émotions étaient dans le tapis et je ne savais pas comment j’étais pour y arriver. Pourtant jamais je n’ai eu envie de lâcher, mais je me demandais vraiment comment j’allais retrouver ma motivation. Le 29 décembre, une vilaine chute sur la glace et une blessure au genou m’oblige une pause de quelques jours.

Une visite chez le médecin en janvier me confirme que - Je n’étais pas en pré ménopause et que je n’étais pas en épuisement. Je devais alors découvrir pourquoi j’auto sabotais mon projet et comment j’allais faire pour y arriver.

J’ai contacté mes coachs et leur ai dit qu’on devait se parler. Je venais de rencontrer des anges… Après avoir écouté toutes mes craintes et compris que j’avais toutes les intentions du monde d’être sur la ligne de départ le 25 juin, elles m’ont dit « La, tu cesses de regarder ton plan d’entrainement. Tu viens faire du vélo deux fois semaine et en piscine deux fois par semaine. Un point c’est tout.  Pour le reste, ça viendra. » Et c’est exactement ce que j’ai fait. De janvier à juin, chaque semaine, mes rendez-vous étaient fixés dans mon agenda.

Arrive ensuite le printemps, ce moment où l’on sort les vélos à l’extérieur et qu’on se « clip! » On m’avait informé que tout le monde tombe au moins une fois avec les « clip! », alors fidèle à mon surnom de Goofy, j’ai réglé la chute à ma première sortie, en roulant à … en fait, j’étais presque arrêtée….

La semaine suivante, je suis allée chercher mon wet suit. Les gens au magasin étaient exceptionnels, sans jugement et surtout très aidant. J’ai aussi survécu à cette étape. Wow! Comme j’étais fière…..

Le mois de mai veut aussi dire de tester le wet en lac. Ahhh! Ce cher wet! Ce cher lac! Moi qui allais tellement bien en piscine, qui arrivait à nager 1500 mètres en 45 minutes sans aucun problème…

J’arrive en lac et plus rien ne va! Avec un triathlon à faire dans moins d’un mois, je n’arrivais même pas à faire 25 mètres. La sensation d’étouffement était débilitante. Tous me disaient que c’était tout à fait normal, que j’avais besoin de revenir en lac à quelques reprises afin de m’y habituer… mais ma petite voix me disait que c’était impossible de passer par-dessus.
Petite parenthèse - le samedi suivant cette première expérience en lac, je m’étais inscrite à un premier triathlon sprint à Joliette. Avec seulement la moitié des distances à faire (dont 750 mètres en rivière où on m’avait dit que c’était super facile, que je n’avais qu’à me laisser aller avec le courant),  c’aurait dû être une initiation facile. Ce matin-là, l’eau de la rivière était à 58 degrés.  On nous a lancé à l’eau à partir du quai sans nous donner le temps de s’habituer à la température de l’eau… Se laisser aller dans le courant? Pffffff! Ça n’avançait pas du tout… Les kayaks de sécurité étaient là pour m’aider au besoin, mais non, je souhaitais aller au bout de ce défi. Ce fut le 750 mètres le plus long de ma vie. Je suis arrivée dernière tant pour la nage, que pour le triathlon. Mais peu importe le résultat, peu importe ma douleur, ou ma souffrance, j’étais triathlète! Médaille au cou, j’avais réussi.

Après le défi de Joliette, j’ai compris plusieurs choses. Moi, une première de classe, qui vise toujours d’être une des meilleures dans tout ce que je fais, ici, en triathlon, ce n’était pas le cas. J’ai compris que je donnerais le meilleur de moi-même et que la seule personne avec qui j’étais en compétition était moi! J’ai aussi compris l’importance de l’hydratation et de l’alimentation avant, pendant et après l’évènement.

Voilà pourquoi, avec les larmes aux yeux et le cœur en nœuds, je suis retournée au lac. Je l’ai apprivoisé et je suis arrivée à nager… au « pace du bonheur », pour moi, avec moi.
Arrivé au weekend de l’évènement, je me disais que j’aurais aimé avoir eu un mois de plus pour me préparer, mais tel n’était pas le cas. J’ai alors accepté que je ferais de mon mieux dans les conditions actuelles.

J’ai pris le départ, une des dernières entrées à l’eau. À ma grande surprise, il y avait des vagues… ish! Pour faire par exprès, j’avais lavé mes lunettes avec un savon doux. Il restait du savon alors j’ai passé les cinq-cents premiers mètres avec une goutte de savon qui me tombais dans l’œil, les vagues qui me frappaient et des canots tout autour d’une des dernières. « Êtes-vous correct, madame? » Ma réponse était la même à chaque fois, « Un wet-suit ça flotte. Je suis lente, j’ai le sourire et tout est parfait! » C’est une bouée à la fois, un coup de bras à la fois que j’ai réussi. Très émotive, à ma sortie de l’eau, j’ai réalisé que j’avais réussi, malgré ma vitesse de tortue, dans un temps qui permettait de passer à la prochaine étape.

J’ai ensuite suivi le plan. Une demi-banane, beaucoup d’eau et hop! J’attaque La Duplessis, deux fois plutôt qu’une parce que c’est telllllllement le fun, La Duplessis. Même si ma chaine a débarqué trois fois et même si j’ai dû marcher quelques petits moments, encore une fois, j’avais réussi dans un temps qui me permettait de partir à la course. Dix kilomètres dans le pur bonheur. Pour moi, le défi avait été fait à ma sortie l’eau. Dix kilomètres, malgré que mes tendons d’Achille ne me permettent pas de courir sur  des grandes périodes. En alternance, exactement comme je l’avais visualisé tant de fois, je suis entrée dans le village Tremblant, je suis descendu ce chemin qui représentait tant de défis relevés. Quand j’ai vu ma gang du Défi Ironman, Jimmy, Sophie, Alain et tous mes amis, l’émotion était à son comble. Quand j’ai vu ma famille, qui m’avait supporté et enduré pendant toute cette année je savais que tout était possible!

Tu as un rêve, un défi à réaliser, go! Fonce! Entoure-toi des gens qui t’aideront à réussir. Élimine ceux qui te nuiront. Donne congé à la petite voix dans ta tête qui risque de te ralentir et dépasse-toi!

Mon nom est Carolyn Murphy et je suis une TRIATHLÈTE! 


Un merci très spécial à toutes les personnes, avec qui j’ai travaillé pour réaliser ce défi : Jimmy Sévigny et toute l’équipe du Défi Ironman, Sophie Yergeau, Alain Picard, Joanne Dubois, Frediric Forgues, Caroline Lessard, les BOULETS (vous vous reconnaissez!) Marie-Hélène Plouffe (instigatrice et complice) et surtout à chaque personne qui a croisé mon parcours dans la dernière année… Finalement, merci mon beau Yvan, Marilyn, William, Natalie, Maman! Avec vous, tout est possible!