8/15/2016

Jusqu'au bout! Au Machu Picchu





EN 2015, ALORS QUE J’AI PRIS LA DÉCISION de faire le Trek Camino Inka au Pérou, j’étais loin de me douter de tous les défis qui seraient mis sur mon chemin. Bien que j’avais organisé plusieurs évènements et participé à maintes reprises à des défis de dépassement de soi, celui-ci était tout à fait différent.

Je devais amasser trois mille dollars plus les frais de voyage, trouver tout l’équipement et m’entraîner en préparation de ce défi qui, j’avoue était tout à fait inconnu pour moi. Pour être franche, j’avais peur! Peur de l’altitude (4200 mètres), peur de ne pas être assez en forme ou de me blesser, peur des hauteurs et j’en passe.

Ceci dit, le matin du 29 juillet 2016, alors que je préparais mes derniers bagages, j’ai choisi de m’abandonner à ce parcours qui était le mien. Comme le matin de mes noces, je savais que j’avais tout fait pour me préparer, que je ne pouvais en faire plus. J’ai décidé de suivre, tout simplement. Quel cadeau que la vie m’a offert.


TOUT D’ABORD, IL Y AVAIT LES GENS. Notre groupe a vécu son lot de défis (retards d’avion, perte de valises, défis de santé, etc.) Malgré cela, chaque personne apportait une énergie unique et  magique à ce voyage. Bien que nous étions tous et toutes dans un état de, « Rien n’arrive pour rien. », mon cœur était déchiré de voir ces femmes exceptionnelles, qui avaient travaillé autant que moi pour préparer ce défi devoir retourner à la base. Ce n’était pas un choix, zéro caprice. C’était une question de survie. Je les ai portés dans mon cœur jusqu’au dernier pas.


NOS GUIDES, DES CŒURS SUR DEUX PATTES se sont d’ailleurs assuré que notre voyage soit inoubliable. Des moments précieux de discussions et de partage. Un souci incroyable pour notre confort et des repas dignes de restaurants haut de gamme. Avec une flexibilité incroyable, ils se sont revirés sur un dix cents à chaque fois qu’un défi se présentait. Les Karavaniers, un nom à se rappeler!


LES CHEMINS DE LA CAMINO INKA m’ont offert une leçon importante. Avec une largeur moyenne d’environ 2 pieds et souvent très accidenté, j’ai eu à accepter des pas instables. À gauche une montagne de roche et à droite un précipice… Est-ce que je vous ai dit que j’avais le vertige? Hmmmm.

Au jour 3, on nous informait que nous avions à faire une « grosse journée ». Alors que nous avions perdu cinq de nos complices dans les 24 dernières heures, j’avais les jambes molles. Tous mes doutes faisaient surface!

Trois groupes de marcheurs se dont formés. Alors que je faisais partie du groupe du milieu, à un certain moment je me suis retrouvée à marcher toute seule sur le chemin. Je savais que les autres n’étaient pas très loin, mais je ne les voyais pas. Pendant environ deux heures, j’ai affronté, une fois pour tout, cette bête qui était la peur.

J’ai passé dans une grotte qui avait une pente de 90 degrés… J’ai descendu de nombreuses marches toujours avec la menace du précipice à ma droite. Des affiches me rappelant que les chemins étaient étroits et qu’il fallait faire attention, me rappelais le défi en cours.  

Mais à un certain moment, un pas à la fois, j’ai trouvé la paix. Le vent caressait mes joues tout doucement. Je voyais les couleurs, les fleurs, les montagnes à perte de vue. J’oubliais les roches qui me défiaient continuellement et je me permettais juste d’être… Heureuse, en paix, calme… Je voyais le chemin parcouru et celui devant moi et c’était parfait.  Tout était parfait!


J’ai terminé cette journée de marche à la noirceur. La nuit tombant, j’ai sorti ma lampe frontale. Les chemins semblaient de plus en plus étroits et c’était correct. J’étais juste bien.

DES VUES À COUPER LE SOUFFLE nous entouraient continuellement. Je me sentais infiniment petite dans ce décor grandiose. Un jour, nous étions dans le désert, le lendemain c’était la jungle. Lucie, notre guide, nous offrait des techniques de marche nous permettant de maximiser notre énergie dans ces montées et ces descentes toutes plus ardues les unes que les autres.  Tout autour, des couleurs, des caps de glace, des visions dignes de films. Des levers de soleil, des étoiles et des animaux sauvages nous offraient un spectacle qui, personnellement, sera gravé dans mon souvenir jusqu’à ma mort. J’ai pris quelques clichés, cependant par choix, c’est mes yeux qui garderont l’album de ces souvenirs magiques.

NOUS AVONS VISITÉ PLUSIEURS RUINES tout au long de ce périple. Nos guides nous offraient des « Momentos culturals », des « Momentos artistiques » et plusieurs autres explications riches en connaissances de ce pays qui est le leur. À un certain moment, alors que nous avions du temps libre pour visiter, je me suis assise tout simplement près d’une roche. Comme dans un film des années cinquante, tout autour de moi, les terrasses ont pris vie. Je voyais les travailleurs, les empereurs et les convives qui se partageaient les  espaces devant moi. Vraiment, j’étais dans mon monde. J’ai reçu ce cadeau, apprécié son intention, son partage. J’ai reçu l’énergie, l’émotion de la montagne. C’est difficile d’expliquer, et tellement ressourçant. J’ai une immense gratitude pour ces moments.

LES PORTES DU SOLEIL étaient notre dernier arrêt avant d’arriver à notre objectif ultime. Une cinquantaine de marches me séparait de cette vue que j’attendais depuis près de deux ans. Des marches à la verticale, d’une profondeur d’environ quatre pouces chacune. Un mega-pallier, totalement accidenté qui représentait pour moi l’ultime défi. J’ai pris un grand respire. J’ai regardé droit devant. Pas en haut et pas en bas. Une marche à la fois, avec la solidité d’un soldat (que j’avais vu dans mes rêves sur les terrasses), j’ai franchi ce mur! J’entendais les voix de là-haut s’approcher de moi. De plus en plus, je savais que j’atteindrais ce sommet. J’étais capable d’aller « Jusqu’au bout!»


À notre arrivée, il était environ 16h. Le soleil commençait sa descente et la vue était féérique! C’était comme dans mes rêves, comme les photos. Tout était parfait! Avec le cœur rempli de gratitude envers nos guides qui nous avaient amenés jusqu’ici, mes consœurs qui m’avaient accompagnée, toutes les personnes qui avaient cru en moi et aussi les filles qui n’y étaient pas, j’ai pleuré. Est-ce que c’était la joie? Oui! La peine? Oui! La peur conquise? Absolument! La fatigue? Sans doute! Toute cette soupe d’émotions était devenue un bouillon pour l’âme. Et c’est cette énergie qui m’a porté, qui me porte encore. La descente vers le Machu Picchu à cette heure était encore plus magique puisque les touristes avaient quitté le site. Nous étions seules, avec quelques alpagas, pour apprécier ce miracle des Inkas.

Le lendemain, c’était notre jour de visite officielle. Nous nous sommes levées à 4h du matin. Alors qu’il pleuvait à boire debout, nous avons attendu 2h 30 en ligne pour prendre l’autobus dans les chemins périlleux vers le sommet du Machu Picchu. L’équipe était complète. À notre arrivée en haut de ce majestueux sommet, mon cœur a débordé! Malgré la pluie, une fenêtre de la forme du Machu s’est ouverte. La brume laissait place à la photo parfaite. Le voyage de mes amies a été très différent du mien. Chacune avait eu ses défis de taille, mais en bout du compte, comme par magie, nous avons partagé ce moment inoubliable.

Je ramène de ce voyage plusieurs leçons de vie, des images absolument incroyables et la croyance, plus que jamais que dans la vie, tout est possible. Ce  n’est pas parce que tu as une santé de fer que tu peux tout faire. Même la meilleure préparation peut tomber sous la force de LA MONTAGNE. À l’inverse, ce n’est pas ton poids ou ta taille qui fait de toi une victime. Aujourd’hui, je lève mon chapeau à chaque personne qui a fait ce voyage, à nos guides, à nos accompagnateurs. Je remercie la Pacha Mama (terre mère) de m’avoir permise de franchir les 45 kilomètres de la Camino Inka.  

Je vous invite à toujours rêver et toujours aller au bout de ces rêves. La vie est généreuse. Tout est possible! Quant à moi, prochain défi, le 5150 de Tremblant. J’y plonge, « Jusqu’au bout! »




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