8/22/2016

La force d’une équipe


« Deux filles, une bulle et nous voilà en route pour le IronMan de Tremblant à 4h30 du matin. »

Lorsque j’ai partagé ce post sur Facebook tôt dimanche matin, je savais que je passerais un beau moment avec mon amie Marie-Hélène. C’est toujours très inspirant et motivant de voir des gens de tout âge qui ont travaillé pendant un an (et parfois plus) se dépasser.


Cette fois, c’était le IronMan, un défi ultime de 3,8 km de nage en lac, 180 km de vélo dans les montagnes de Tremblant et un marathon (oui, vous avez bien lu) de 42.2 km de course.

À notre arrivée sur la plage à 6h45, ce sont les cornemuses qui faisaient un coucou au soleil. S’en est suivi la cérémonie protocolaire, l’hymne national et les avions de chasse qui sont venus ouvrir le chemin. L’émotion était déjà à son comble.
Si vous n’êtes pas au courant, dans 10 mois presque jour pour jour, c’est moi qui serai sur cette plage. Dix mois de préparation, d’entrainements et de travail autant physique que mental me permettront de me mériter cette place, ce moment magique avec des centaines, même des milliers de participants.

Mais être un athlète de calibre Triathlon, c’est aussi d’être prêt à tout. Ce matin-là, le vent qui chatouillait le lac ajoutait au défi déjà imposant de nager en groupe, en lac. La pluie s’est également mêlée de la partie. Pendant de longues heures, le ciel s’est ouvert sur les athlètes et les spectateurs. Certains n’ont pas passé l’étape de la nage. D’autres sont tombés sous la pluie en vélo et j’ai même vu un homme, pleurant à 21h30, puisqu’on venait de lui annoncer que sa vitesse pour la première demie de son marathon indiquait qu’il ne pourrait terminer dans les temps. Il n’entendrait pas son nom, « You are an IronMan! »
Photo - Frédéric Forgues - Vélo Espace Garneau Concept


Et c’est pendant ces plus de 16 heures, à la pluie battante que j’ai compris l’importance de l’équipe. J’ai eu le privilège d’accompagner Frédéric Forges (Vélo Espace - Garneau Concept) ainsi que Sophie Yergeau et Alain Picard, entraineurs de l’équipe de Triathlon Garneau Vélo. Avec une dizaine d’amis du groupe qui comme moi s’était levé aux aurores pour venir accompagner les athlètes, j’ai bravé la pluie pour voir la magie de ce sport.

Ils connaissaient tous les athlètes de leur groupe inscrit dans la course. D’ailleurs, ils se sont même inquiétés parce qu’un des leurs, bien qu’inscrit n’avait pas pris le départ. À chaque étape du défi, les coachs et le groupe de joyeux lurons (lire ici, une dizaine de personnes, dont la rigolote Sonia et la « bruyante » Johanne) attendaient patiemment que chacun des leurs passe devant nous. Chaque fois, un câlin, une poignée de main et un mot d’encouragement venaient donner un « boost » pour aider l’athlète à faire un bout de plus.


Photo: Frederic Forgues (Vélo Espace  Garneau Concept)

À la ligne d’arrivée, chaque membre de l’équipe TGV est venu voir ses coachs et  ses amis. La gang a attendu jusqu’à très tard pour s’assurer que chacun des leurs se rendait jusqu’au bout!

Au lendemain de cette journée memorable, je pense aux parents venus encourager leurs enfants et aux enfants venus encourager leurs parents. Je vois encore l’homme de 66 ans qui terminait son 206e IronMan. Je pense au regard de mon amie Marie-Hélène lors des demandes en mariage. Ensemble, nous avons été témoin des gens tombant de fatigue. J'en ai encore les yeux dans l'eau.  Je revois les Jennifer, les John, les Guiseppe et même les Carolyn. Je ne les connais pas, mais j’ai l’impression que chacun et chacune fera partie de mes entrainements et de mes pensées au cours des prochains mois. 

Dans ma vie, je crois que lorsqu’on fait du bien, cela nous revient. Je crois que lorsqu’on crée une spirale de bonheur autour de nous, comme par magie, on attire du bonheur, de bonnes personnes.

Quand je me suis inscrite pour le Défi IronMan avec Jimmy Sévigny, je l’ai fait pour moi, pour le défi. Ceci dit, en plus de mon ami Jimmy, je comprends maintenant que la vie vient de mettre sur mon chemin une équipe assez spéciale pour m’accompagner au fil des 10 prochains mois.

À Fred, Sophie, Alain et toute la gang du TGV, je dis tout de suite merci! Merci pour cette journée absolument exceptionnelle. Merci de m’avoir montré de quoi est faite une équipe et merci de faire partie de mon parcours vers mon premier défi comme Triathlète.

Au plaisir!
Caro



8/15/2016

Jusqu'au bout! Au Machu Picchu





EN 2015, ALORS QUE J’AI PRIS LA DÉCISION de faire le Trek Camino Inka au Pérou, j’étais loin de me douter de tous les défis qui seraient mis sur mon chemin. Bien que j’avais organisé plusieurs évènements et participé à maintes reprises à des défis de dépassement de soi, celui-ci était tout à fait différent.

Je devais amasser trois mille dollars plus les frais de voyage, trouver tout l’équipement et m’entraîner en préparation de ce défi qui, j’avoue était tout à fait inconnu pour moi. Pour être franche, j’avais peur! Peur de l’altitude (4200 mètres), peur de ne pas être assez en forme ou de me blesser, peur des hauteurs et j’en passe.

Ceci dit, le matin du 29 juillet 2016, alors que je préparais mes derniers bagages, j’ai choisi de m’abandonner à ce parcours qui était le mien. Comme le matin de mes noces, je savais que j’avais tout fait pour me préparer, que je ne pouvais en faire plus. J’ai décidé de suivre, tout simplement. Quel cadeau que la vie m’a offert.


TOUT D’ABORD, IL Y AVAIT LES GENS. Notre groupe a vécu son lot de défis (retards d’avion, perte de valises, défis de santé, etc.) Malgré cela, chaque personne apportait une énergie unique et  magique à ce voyage. Bien que nous étions tous et toutes dans un état de, « Rien n’arrive pour rien. », mon cœur était déchiré de voir ces femmes exceptionnelles, qui avaient travaillé autant que moi pour préparer ce défi devoir retourner à la base. Ce n’était pas un choix, zéro caprice. C’était une question de survie. Je les ai portés dans mon cœur jusqu’au dernier pas.


NOS GUIDES, DES CŒURS SUR DEUX PATTES se sont d’ailleurs assuré que notre voyage soit inoubliable. Des moments précieux de discussions et de partage. Un souci incroyable pour notre confort et des repas dignes de restaurants haut de gamme. Avec une flexibilité incroyable, ils se sont revirés sur un dix cents à chaque fois qu’un défi se présentait. Les Karavaniers, un nom à se rappeler!


LES CHEMINS DE LA CAMINO INKA m’ont offert une leçon importante. Avec une largeur moyenne d’environ 2 pieds et souvent très accidenté, j’ai eu à accepter des pas instables. À gauche une montagne de roche et à droite un précipice… Est-ce que je vous ai dit que j’avais le vertige? Hmmmm.

Au jour 3, on nous informait que nous avions à faire une « grosse journée ». Alors que nous avions perdu cinq de nos complices dans les 24 dernières heures, j’avais les jambes molles. Tous mes doutes faisaient surface!

Trois groupes de marcheurs se dont formés. Alors que je faisais partie du groupe du milieu, à un certain moment je me suis retrouvée à marcher toute seule sur le chemin. Je savais que les autres n’étaient pas très loin, mais je ne les voyais pas. Pendant environ deux heures, j’ai affronté, une fois pour tout, cette bête qui était la peur.

J’ai passé dans une grotte qui avait une pente de 90 degrés… J’ai descendu de nombreuses marches toujours avec la menace du précipice à ma droite. Des affiches me rappelant que les chemins étaient étroits et qu’il fallait faire attention, me rappelais le défi en cours.  

Mais à un certain moment, un pas à la fois, j’ai trouvé la paix. Le vent caressait mes joues tout doucement. Je voyais les couleurs, les fleurs, les montagnes à perte de vue. J’oubliais les roches qui me défiaient continuellement et je me permettais juste d’être… Heureuse, en paix, calme… Je voyais le chemin parcouru et celui devant moi et c’était parfait.  Tout était parfait!


J’ai terminé cette journée de marche à la noirceur. La nuit tombant, j’ai sorti ma lampe frontale. Les chemins semblaient de plus en plus étroits et c’était correct. J’étais juste bien.

DES VUES À COUPER LE SOUFFLE nous entouraient continuellement. Je me sentais infiniment petite dans ce décor grandiose. Un jour, nous étions dans le désert, le lendemain c’était la jungle. Lucie, notre guide, nous offrait des techniques de marche nous permettant de maximiser notre énergie dans ces montées et ces descentes toutes plus ardues les unes que les autres.  Tout autour, des couleurs, des caps de glace, des visions dignes de films. Des levers de soleil, des étoiles et des animaux sauvages nous offraient un spectacle qui, personnellement, sera gravé dans mon souvenir jusqu’à ma mort. J’ai pris quelques clichés, cependant par choix, c’est mes yeux qui garderont l’album de ces souvenirs magiques.

NOUS AVONS VISITÉ PLUSIEURS RUINES tout au long de ce périple. Nos guides nous offraient des « Momentos culturals », des « Momentos artistiques » et plusieurs autres explications riches en connaissances de ce pays qui est le leur. À un certain moment, alors que nous avions du temps libre pour visiter, je me suis assise tout simplement près d’une roche. Comme dans un film des années cinquante, tout autour de moi, les terrasses ont pris vie. Je voyais les travailleurs, les empereurs et les convives qui se partageaient les  espaces devant moi. Vraiment, j’étais dans mon monde. J’ai reçu ce cadeau, apprécié son intention, son partage. J’ai reçu l’énergie, l’émotion de la montagne. C’est difficile d’expliquer, et tellement ressourçant. J’ai une immense gratitude pour ces moments.

LES PORTES DU SOLEIL étaient notre dernier arrêt avant d’arriver à notre objectif ultime. Une cinquantaine de marches me séparait de cette vue que j’attendais depuis près de deux ans. Des marches à la verticale, d’une profondeur d’environ quatre pouces chacune. Un mega-pallier, totalement accidenté qui représentait pour moi l’ultime défi. J’ai pris un grand respire. J’ai regardé droit devant. Pas en haut et pas en bas. Une marche à la fois, avec la solidité d’un soldat (que j’avais vu dans mes rêves sur les terrasses), j’ai franchi ce mur! J’entendais les voix de là-haut s’approcher de moi. De plus en plus, je savais que j’atteindrais ce sommet. J’étais capable d’aller « Jusqu’au bout!»


À notre arrivée, il était environ 16h. Le soleil commençait sa descente et la vue était féérique! C’était comme dans mes rêves, comme les photos. Tout était parfait! Avec le cœur rempli de gratitude envers nos guides qui nous avaient amenés jusqu’ici, mes consœurs qui m’avaient accompagnée, toutes les personnes qui avaient cru en moi et aussi les filles qui n’y étaient pas, j’ai pleuré. Est-ce que c’était la joie? Oui! La peine? Oui! La peur conquise? Absolument! La fatigue? Sans doute! Toute cette soupe d’émotions était devenue un bouillon pour l’âme. Et c’est cette énergie qui m’a porté, qui me porte encore. La descente vers le Machu Picchu à cette heure était encore plus magique puisque les touristes avaient quitté le site. Nous étions seules, avec quelques alpagas, pour apprécier ce miracle des Inkas.

Le lendemain, c’était notre jour de visite officielle. Nous nous sommes levées à 4h du matin. Alors qu’il pleuvait à boire debout, nous avons attendu 2h 30 en ligne pour prendre l’autobus dans les chemins périlleux vers le sommet du Machu Picchu. L’équipe était complète. À notre arrivée en haut de ce majestueux sommet, mon cœur a débordé! Malgré la pluie, une fenêtre de la forme du Machu s’est ouverte. La brume laissait place à la photo parfaite. Le voyage de mes amies a été très différent du mien. Chacune avait eu ses défis de taille, mais en bout du compte, comme par magie, nous avons partagé ce moment inoubliable.

Je ramène de ce voyage plusieurs leçons de vie, des images absolument incroyables et la croyance, plus que jamais que dans la vie, tout est possible. Ce  n’est pas parce que tu as une santé de fer que tu peux tout faire. Même la meilleure préparation peut tomber sous la force de LA MONTAGNE. À l’inverse, ce n’est pas ton poids ou ta taille qui fait de toi une victime. Aujourd’hui, je lève mon chapeau à chaque personne qui a fait ce voyage, à nos guides, à nos accompagnateurs. Je remercie la Pacha Mama (terre mère) de m’avoir permise de franchir les 45 kilomètres de la Camino Inka.  

Je vous invite à toujours rêver et toujours aller au bout de ces rêves. La vie est généreuse. Tout est possible! Quant à moi, prochain défi, le 5150 de Tremblant. J’y plonge, « Jusqu’au bout! »